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de la laisser subir l’arrêt qu’elle a rendu contre elle-même dans la ferveur d’une première année de veuvage, vous la verrez mourir d’ennui. Cet état n’est tolérable que pour les femmes qui savent en tirer parti, et madame de Lisieux est trop sage pour s’en amuser. Soyez donc son protecteur contre une résolution insensée, et contraignez-la à être heureuse.

À travers le sincère intérêt qui dictait ces avis, il s’en mêlait un moins noble ; celui d’être pour quelque chose, par soi-même ou par ses amis, dans le choix qu’on ferait faire à la duchesse de Lisieux. Aussi chaque discours à ce sujet se terminait-il toujours par la proposition d’un parti plus ou moins avantageux pour elle.

Madame d’Ostange, persuadée de la prudence de conseils qui s’accordaient si bien avec ses désirs, se décida sans peine à les suivre. Mais avant de faire une nouvelle tentative auprès de sa nièce, elle voulait pouvoir lui offrir toutes les conditions de bonheur qui devaient l’engager à un second mariage. Cette fois, elle crut les avoir trouvées dans la jeunesse, les agréments et la brillante position du duc de L… M. de Lormier, l’homme le moins inconsidéré de France, lui avait affirmé que la famille du duc de L… trouvait cette alliance convenable ; et il prétendait savoir pertinemment que le jeune duc était fort épris de madame de Lisieux, et que la crainte d’être mal accueilli l’empêchait seule de déclarer son amour.