Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Madame de Grignan.

— Je vous propose la duchesse de R….

— Y pensez-vous ? dit madame de Voldec ; sa taille est admirable, et elle danse à merveille ; mais elle a les cheveux noirs.

— Qu’importe ? elle a une tournure si noble, elle saura si bien se mettre, et puis elle aimait tant sa mère, et sa mère avait tant d’esprit !

— Allons, elle aura l’emploi, dit Albéric, par droit de succession.

— Et Molière, car c’est une entrée de ballet de sa façon qu’on veut représenter, et il faut absolument qu’il y préside.

— Eh bien, cela vous embarrasse ? N’avez-vous pas l’auteur de Valérie ?

— Scribe ?

— Sans doute ; proportion gardée, il ne sera pas plus mal que chacun de nous, ajouta Albéric ; et puis en le mettant à portée de voir nos ridicules de près, il les peindra mieux. Je suis jaloux de la préférence que, dans ses tableaux si vrais, il accorde aux avoués, aux agents de change et à tous les travers de la bonne bourgeoisie. Il me semble que nous pourrions bien lui fournir d’aussi piquants modèles ; voyez, Molière n’était pas si dédaigneux à notre égard.

— C’est parce qu’il a exploité tous les ridicules de cour, qu’il n’y a plus rien à en dire, répondit le maréchal.