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ange, et les moins charitables se sentaient entraînés à lui accorder l’aumône qu’elle demandait.

Albéric, parvenu près d’elle, s’est arrêté pour la contempler dans cette attitude à la fois si humble et si noble. Il croit voir réalisé le rêve de sa vie : une femme envoyée du ciel pour commander aux hommes la plus douce des vertus. Alors, s’avançant vers Mathilde avec un respect religieux, il vint déposer son offrande dans la bourse qu’elle lui présentait d’une main tremblante ; mais aucun son ne retentit à l’oreille du bedeau, et ce silence ne lui fut expliqué que lorsqu’en remettant la quête au curé, il y trouva un billet de mille francs.

M. Ribet avait entendu dire à M. de Varèze que les noces n’étaient plus de mode chez les gens distingués, et il décida que les mariés partiraient pour leur terre au sortir de l’église, accompagnés seulement des parents indispensables. La duchesse de Lisieux était désignée parmi eux ; mais elle s’excusa de ne pouvoir profiter de cet honneur, en donnant pour raison l’obligation où elle était de se rendre le soir même au cercle de la cour ; et M. de Varèze s’écria au même moment :

— Eh ! mon Dieu ! j’oubliais, nous sommes de corvée ce soir, et je ne peux vous suivre, mon cher Ribet ; mais les heureux se passent facilement de leurs amis, et vous me pardonnerez mon absence.

À ces mots, Albéric disparut dans la foule pour se