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reux ; les petites minauderies de son Aspasie, les préférences visibles qu’elle lui accordait devant tout le monde, lui faisaient l’illusion du plus tendre retour ; et, quand elle l’appelait familièrement : « Cher comte Rodolphe d’Erneville », il était le plus heureux des hommes. Avec un peu plus de finesse, il aurait pu s’apercevoir qu’on ne le traitait jamais mieux qu’en présence de sa famille, et que lorsqu’il se hasardait à venir seul faire sa cour à mademoiselle Ribet on le recevait plus légèrement ; mais il mettait cette négligence sur le compte de l’intimité, et puis il pensait avec raison que, lorsqu’on veut faire fortune, il ne faut pas être susceptible.

Un concert d’éloges, de félicitations, retentit dans le salon lorsque la mariée et sa suite y entrèrent ; le marquis d’Erneville s’empara de sa main ; M. Ribet offrit la sienne à la marquise, et Mathilde se vit contrainte d’accepter celle du vieux duc de G… qu’elle connaissait à peine. Elle en avait espéré une autre, et ne concevait pas comment Albéric n’était pas à la tête des amis de M. Ribet. Ses regards le cherchaient vainement, et pourtant elle était sûre de l’avoir aperçu dans le salon au moment où l’on était venu la demander de la part d’Aspasie. Le colonel Andermont, touché de l’inquiétude qu’elle ne pouvait dissimuler, s’approcha d’elle et trouva le moyen de lui dire sans affectation, qu’ayant appris que le duc de M… venait d’arriver de R…, M. Ribet s’était empressé de l’inviter à la céré-