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d’humeur et de dépit que lorsque l’on est resté seul une soirée consacrée à un rendez-vous.

Le lendemain, son visage offrait encore les traces de ce qu’elle avait souffert la veille. Mais ce n’était plus cette ineffable langueur qui charmait Albéric : une agitation pénible se lisait dans ses regards ; un sourire contraint, une voix plus éclatante, une démarche plus vive, trahissaient les sentiments amers qui altéraient sa douceur accoutumée ; et celui qui causait un si flatteur dépit pouvait seul lui pardonner d’enlaidir tant de charmes.

Tous les parents, soigneusement triés par M. Ribet dans les rangs inégaux de sa famille, étaient déjà rassemblés, et se mêlaient timidement aux vieux et jeunes seigneurs qui arrivaient à la suite de la marquise d’Erneville, lorsque la duchesse de Lisieux se rendit chez madame Ribet. La mariée l’attendait avec impatience pour avoir son avis sur la manière dont il fallait placer la palme virginale, et laisser flotter son voile de manière à ne rien cacher de sa parure, sans pourtant nuire à la modestie d’étiquette dans un pareil costume. En voyant mademoiselle Aspasie pâle et l’air abattu, Mathilde sentit pour elle cette sorte d’intérêt qu’inspire une jeune personne au moment de se sacrifier à l’ambition de sa famille ; mais elle s’aperçut bientôt que l’altération qui excitait sa pitié n’avait pour cause que deux heures passées dans les tortures d’une toilette extraordinaire, et dans la crainte de ne pas pro-