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et sans la sévérité de mon père, je ne sais trop ce qu’il en serait arrivé.

— Eh bien, c’est un motif tout aussi raisonnable qui a déterminé mademoiselle d’Herbas.

— Je ne veux pas le savoir, dit la duchesse, car j’ai de l’amitié pour elle, et je désire la lui conserver.

— Soit, répliqua madame de Méran, gardez votre prestige ; mais moi qui la connais à peine, je n’ai rien à risquer, et je prie M. de Sétival de me confier tout bas ce grand secret.

Alors il vint s’asseoir derrière le canapé où se trouvait madame de Méran, qui se mit à éclater de rire en écoutant la confidence.

— C’est absurde, s’écria-t-elle, mais j’aurais fait comme la fiancée.

— L’arrêt de M. de Varèze est tout entier dans ce mot, dit M. de Sétival.

— Vous êtes aussi par trop sévère pour lui. Quoi ! parce qu’il a ajouté à l’éloge le plus flatteur de M. de Marigny : « C’est le plus loyal des hommes, je ne lui connais de faux que son toupet et ses mollets ; » parce que cette mauvaise plaisanterie, faite sans conséquence, a été répétée à mademoiselle d’Herbas par une petite pensionnaire, et qu’il en est résulté que Léontine ne veut pas d’un mari ridicule, il faut traiter M. de Varèze de monstre, d’incendiaire qui porte le flambeau de la discorde dans toutes les familles ? Ah ! c’est pousser la morale un peu trop loin ; qu’en pensez-vous, Mathilde ?