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sence, à côté même des gens les plus aimables. Ce n’est pas ce qui l’intéressera le moins du récit que je lui ai promis.

— Ah ! je voudrais savoir comment vous lui raconterez cette soirée, dit Mathilde, et les observations qu’elle vous fournira.

— Mon récit lui paraîtra bien fade après celui de son ami, ajouta à voix basse le maréchal ; mais je lui dirai beaucoup de choses qu’il n’apprendrait pas de sa confiance ou de son indiscrétion.

Un sourire malin expliqua suffisamment à Mathilde le sens de ces paroles. Elle se félicita de n’avoir pas à y répondre ; car M. Ribet, qui faisait sa ronde, s’arrêta près d’elle pour s’informer de ce qu’elle pouvait désirer, en provoquant son admiration sur le coup d’œil qu’offrait une table resplendissante d’or, de lumières, de fleurs, et entourée de dames charmantes. C’est ainsi que M. Ribet appelait une réunion composée d’un petit nombre de jolis visages et d’une quantité de femmes parées, les unes avec la simplicité qui convient à celles dont le luxe est réservé pour la cour, les autres avec toute l’élégance des femmes à la mode, et les dernières avec tous les diamants que, faute de meilleures occasions, elles sont réduites à montrer au spectacle ou en famille. Plusieurs de celles-ci étaient d’un ridicule frappant, et le maréchal s’étonnait de voir Albéric les regarder d’un air indifférent, et sans penser à en rire.