Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/160

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XX


Après avoir prodigué leurs flatteurs applaudissements au poëte et à son sujet, les invités se rendirent dans de nouveaux salons, où les attendaient plusieurs tables magnifiquement servies. Dans ces sortes de solennités, les rôles sont à peu près distribués, comme au théâtre, à chacun selon la nature de son emploi ; le père noble doit donner la main à la mère, l’amant à l’amante, ainsi de suite ; et celui qui a conduit l’intrigue n’est pas, d’ordinaire, le moins bien partagé : c’est sans doute en raison des obligations qu’il croyait lui devoir, que M. Ribet avait réservé au comte de Varèze l’honneur d’offrir son bras à la duchesse de Lisieux pour la conduire à travers une longue galerie jusqu’à la place qu’elle devait occuper à la table de vermeille. C’est ainsi que madame Ribet désignait celle destinée à l’élite de ses invités.

Cette espèce de tête-à-tête au milieu de la foule, cette occasion fortuite de dire ou d’entendre ce qui plaît, si vivement enviée par ceux que tant d’obstacles séparent, on croit qu’Albéric en profitera pour se justifier, pour s’attirer adroitement un de ces mots, de ces reproches qui valent un aveu ; on s’attend à ce que son esprit, si ingénieux à trouver les moyens de faire