Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de tout le monde les chemises, les bas, enfin le mystérieux de la toilette d’une femme. Il semble que cet usage a quelque chose d’impudique qui devrait choquer le bon goût des Français.

Pendant ce temps, le troupeau de jeunes amies que mademoiselle Aspasie a rassemblées pour les humilier de sa magnificence, font leurs remarques sur les robes destinées à leur riche compagne, et tout en les trouvant admirables, l’une dit avec l’accent du plus tendre intérêt :

— Comment a-t-on eu l’idée de lui choisir une couleur ponceau ; avec sa figure longue et blême elle aura l’air d’une morte dans cette robe-là.

— Je crois qu’elle lui siéra beaucoup mieux que celle-ci, disait une autre en montrant une robe de moire bleue ; car elle a beau se serrer, elle ne paraîtra jamais mince de taille avec cette couleur-là. Et comment trouvez-vous cette guirlande d’épis de diamants mêlés à des roses blanches et montée à l’antique ? Pour elle qui a la figure la moins grecque qu’on puisse rencontrer, elle sera écrasée sous ce riche fardeau.

— Et puis quand on regarde son mari, dit une troisième à demi-voix, on est forcé de convenir que tout cela est payé bien cher. Je n’ai pas sa fortune, mais, certes, rien n’aurait pu me décider à épouser un magot pareil.

— Ah ! c’est pour un nom, dit une des plus jolies de la troupe ; mais la pauvre enfant ne sait pas ce