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à toute la recherche des gens distingués. M. de Varèze étant l’oracle de la famille, on le consultait toujours sur la manière la plus convenable de dépenser un revenu considérable, et grâce à ses conseils, M. Ribet était parvenu à avoir ce qu’on appelle à Paris une bonne maison ; l’esprit d’ordre du maître s’y faisait reconnaître à travers la magnificence qui d’abord frappait les regards. Ses appartements étaient décorés avec autant de bon goût que de richesse, ses tableaux bien choisis, ses gens bien tenus, sa table servie avec toute la recherche possible ; enfin, l’on peut dire que dans cet ensemble parfait lui et les siens faisaient seuls disparate.

C’était surtout lorsqu’on parlait des ouvrages de nos grands maîtres, des antiquités ou des livres précieux qu’on admirait chez lui, que le bon M. Ribet se montrait dans toute la naïveté de son ignorance. Ravi de l’effet d’un tableau, lui demandait-on de quel peintre il était :

— Ma foi, je ne m’en souviens plus, répondait-il avec le ton d’un homme qui n’est point fait pour entrer dans ces détails-là. Cependant, ajoutait-il, celui-ci doit être de Girodet… ou de Ténières ; car j’en ai payé deux l’hiver passé qui se nommaient ainsi ; au reste, Varèze vous le dira plus certainement, c’est lui qui les a commandés. Quant à ces babioles, disait-il en montrant les modèles en porphyre des temples de Pestum, je les ai achetées à la vente de Denon. C’est lui-même