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finir, et qui parut à Mathilde plus jolie que celle qu’elle avait choisie quelques jours auparavant ; après l’avoir passée autour de son cou, elle pensa à la garder ; mais par réflexion elle se crut obligée à ne l’acheter pour elle qu’autant que le Comte Rodolphe ne la préférerait pas à celles dont Mathilde avait déjà fait l’emplette, et elle dit au bijoutier de joindre la chaîne, qu’elle détachait lentement, aux divers objets qu’il devait lui envoyer le lendemain à choisir.

Mais lorsque ces différents bijoux lui furent apportés, elle chercha vainement la chaîne qu’elle désirait.

— Comment se peut-il que vous l’ayez oubliée, dit-elle au bijoutier avec impatience ?

Il répondit que la chaîne s’était rompue lorsqu’on avait voulu y suspendre la montre qui lui était destinée, et qu’il faudrait plusieurs jours pour la raccommoder.

L’embarras, le sourire qui accompagnèrent cette réponse, lui donnaient tellement l’air d’un mensonge, que Mathilde demanda à M. F… de lui dire tout simplement la vérité.

— Si vous l’exigez, je vous avouerai, madame, que cette chaîne m’a été pour ainsi dire volée par une personne à qui j’ai eu la sottise de dire que madame la duchesse de Lisieux venait de l’essayer, et qu’elle la trouvait fort jolie.

— Quelle extravagance ! reprit Mathilde en rougis-