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— Rien de si probable que de tels regrets, dit M. de Varèze d’un air indolent, et pourtant la personne qui a le plus souffert de l’absence de madame n’est pas venue s’en plaindre à vous. J’en ai l’assurance.

En ce-moment les yeux de Mathilde se portèrent sur Albéric ; ils semblaient animés de l’espoir le plus doux.

— Ah ! j’entends, reprit la vicomtesse, vous voulez parler de…

— De madame de Rennecourt, interrompit Albéric.

— Madame de Rennecourt, dit Mathilde en riant de dépit ; elle me connaît à peine.

— Pourquoi a-t-elle été si malheureuse du départ de ma cousine ? dites-nous-le, je vous prie, ajouta madame de Méran.

— C’est qu’à dater de ce jour, madame, le prince de S… ne l’a pas quittée.

— Ah ! la bonne folie ! s’écria-t-on.

Et chacun se mit à rire, sans s’apercevoir de l’air indigné de Mathilde.

Encouragé par la gaieté qu’il provoquait, M. de Varèze répéta une partie de la conversation qu’il avait entendue la veille entre le prince de S… et madame de Rennecourt. Et il fit valoir à sa manière les efforts de cette dernière pour soumettre le classique de son esprit guindé au romantisme d’un enthousiaste de Goëthe et de Schiller.