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prétention de le braver, et que son absence mettait fin à leur rôle. Madame de Voldec affectait un air ennuyé qui voulait dire : Personne ne peut m’amuser après lui. Cependant M. de Varèze avait été fort peu aimable toute la soirée. Mais tel est l’empire mystérieux d’un homme à la mode, qu’il ne produit pas moins d’effet par sa maussaderie que par les qualités brillantes qui ont fondé sa fragile puissance.



XIII


Madame de Méran s’empressa de redire à sa cousine l’entretien qu’elle avait eu avec Albéric chez madame de Voldec, sans lui épargner les conjectures qu’elle faisait à cet égard. Ces mots : Je n’ai plus d’avis sur elle, lui paraissaient si dédaigneux, qu’elle cherchait comment Mathilde y pourrait répondre, pour la contraindre à changer cette belle insouciance contre une haine bien motivée. Mais la dignité de Mathilde se refusa obstinément à tous les moyens que proposa madame de Méran, et elle la conjura de ne plus lui parler d’un homme dont chaque mot était une épigramme ou une injure.

Cependant cet homme si outrageant, et qu’on voulait oublier à tout prix, s’appliquait à faire parler de lui sans cesse. Chaque jour amenait un événement