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de ce complice, madame de Voldec en aurait trouvé un plus méchant et moins aimable.

— Et c’est ce que nous voulions ; deux méchants bien connus pour tels, dont chaque médisance porte avec elle une amertume qui se fait sentir à toute minute, sont très-près de paraître ennuyeux ; mais un esprit dont la bonté se fait jour à travers la malice a plus de charme, et ses remarques, ses discours, sa moquerie plaisante, ont bien plus de crédit ; enfin j’aimerais mieux encourir toute la vie la malveillance de madame de Voldec que d’alimenter un seul jour l’impitoyable gaieté d’Albéric.

— On n’a jamais fait plus cruellement sa satire, dit la duchesse en soupirant.

— Mais en vous parlant de ces deux grandes puissances, reprit la vicomtesse, j’oublie qu’elles m’attendent : madame de Voldec m’a écrit un billet charmant, qui ne dirait rien du tout, s’il n’y avait en marge un simple mot pour m’apprendre que M. de Varèze vient prendre le thé chez elle ce soir. Comme il a manqué de mourir dernièrement, il faut assister à sa rentrée dans le monde ; Que voulez-vous que je lui dise de votre part ?

— Mais… rien, répondit Mathilde d’un air embarrassé, si ce n’est que je suis fort aise de le savoir parfaitement guéri.

— Je n’y manquerai pas, dit madame de Méran en embrassant sa cousine.

Et elle se rendit chez madame de Voldec.