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plaisance ou de sa malice, car il ne sert peut-être leurs projets à tous que pour s’en divertir avec tant de gens toujours prêts à rire du ridicule de semblables alliances. Mais je leur pardonne facilement ces petites inconséquences, ajouta Mathilde, ces cachotteries qui semblent mettre en dehors des intérêts de famille les personnes qui auraient le plus de droits à s’en mêler ; ces sortes d’injures sont ordinairement l’ouvrage de quelque influence étrangère, dont la puissance n’est jamais de longue durée, et l’on ne saurait s’en alarmer ni s’en blesser, continua-t-elle d’un air où le mépris se mêlait à l’indifférence. Mais prenant tout à coup un ton affectueux : — Vous ne me trouveriez pas si indulgente, dit-elle, si j’avais soupçonné un moment votre amitié de seconder ce manége ; mais je sais distinguer les sentiments vrais de ceux que l’amour-propre fait naître et mourir à son gré.

En parlant ainsi, Mathilde tombait dans le tort commun aux personnes qu’une seule idée préoccupe. Elle avait commencé par vouloir dire ce que la conduite de ses parents lui inspirait, et sans la moindre transition, elle était arrivée à ne parler que des mauvais procédés dont elle croyait Albéric coupable. Cette faiblesse d’un cœur blessé ne pouvait échapper à Maurice, et malgré ce qu’il souffrait en reconnaissant dans Mathilde les symptômes du même mal dont il était victime, il chercha à justifier son ami en mettant le même soin que Mathilde à ne le pas nommer. Il serait peut-être par-