Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

béric accepterait à dîner le lendemain chez madame d’Erneville, et qu’il mènerait ensuite le comte Rodolphe à l’Opéra, où mademoiselle Ribet et sa mère se trouveraient, par hasard, dans une loge à quelque distance de celle du comte de Varèze.

À peine rétabli de ses souffrances, Albéric ne se serait point résigné à la fatigue d’un dîner ennuyeux, s’il n’avait trouvé piquant d’être admis dans l’intimité d’une famille qui faisait profession de le haïr plus que personne, et de s’attacher les parents de madame de Lisieux par un service important, au moment même où il avait résolu de s’interdire tous rapports avec elle. Maurice connaissait trop son ami, pour s’abuser sur le sentiment qui lui donnait tant de zèle à conclure ce mariage. Madame de Lisieux semblait le désapprouver ; elle s’était refusée positivement à lui en parler, sans doute dans la crainte de contracter vis-à-vis de lui la moindre obligation ; et Maurice voyant qu’Albéric agissait plus contre Mathilde que pour M. Ribet, crut devoir confier à la duchesse la part qu’il avait dans cette affaire, et la marche qu’elle prenait.

— Voilà bien le monde, dit-elle avec tristesse ; ma belle-sœur et son mari ont failli se brouiller avec moi lorsqu’ils ont appris que M. de Varèze venait souvent ici, et les voilà qui s’irritent de ce que je ne l’ai pas traité comme un ami intime, en réclamant de lui le service qu’ils en désiraient ! Ils pensent me punir, en me faisant mystère de ce qu’ils obtiennent de sa com-