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m’embrasser de reconnaissance pour lui fournir cette nouvelle occasion de se faire bafouer par la cour et la ville.

— Si c’est là le sort que vous lui préparez, il n’est pas très-charitable à vous de lui tendre ce piége, et vous feriez mieux d’employer votre crédit sur son esprit à lui persuader d’être heureux de sa fortune en en jouissant avec ses amis et ses égaux, plutôt que de s’exposer…

— Eh ! mon cher, interrompit Albéric, pensez-vous qu’il soit au pouvoir de personne de faire entendre raison à un homme en délire ! Eh bien, de toutes les démences, la vanité est la plus incurable. Si quelque chose au monde en devait triompher, c’est le tableau si comique et si vrai qu’en a tracé Molière ; mais on a ri de ses portraits, on les a reconnus, et la race des Georges Dandin et des bourgeois-gentilshommes ne s’en est pas moins perpétuée. Je la crois même fort augmentée depuis que l’argent a changé de classe, et je n’ai pas la prétention de faire plus que Molière. C’est par suite de sa manie que M. Ribet me porte un attachement si vif. Il ne peut être heureux que par elle, et je me garderai bien de lui donner des avis qui lui en montreraient les inconvénients sans pouvoir l’en guérir. D’ailleurs mademoiselle Aspasie Ribet est fort agréable, et je serais charmé de la voir entrer dans une bonne famille.

— Ajoutez aussi que vous vous amusez d’avance de