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rance qu’il est allé ce matin même à Cossé, où se trouve maintenant le gouverneur des états.

POMENARS.

Quoi, Sévigné est aussi du complot ?

Mme  DE SÉVIGNÉ.

Il sent bien qu’on ne peut obtenir votre grâce qu’à ce prix ; et puis il croit, dans sa conscience, qu’après un tel éclat, la réparation est indispensable.

POMENARS.

De ma part, sans doute ; car s’il fallait en exiger autant de la sienne, vous le trouveriez moins ferme dans ses grands principes ; on n’a jamais tant de morale que pour ses amis.

Mme  DE SÉVIGNÉ.

Cela se peut, mais ce que sa raison ne m’accorderait pas, je l’obtiendrais de son cœur : vous savez qu’il cède toujours à la crainte de m’affliger ; seriez-vous moins docile ?

POMENARS, avec émotion.

Eh ! qui pourrait vous résister ! le charme d’une telle amitié rend tous les sacrifices faciles.

Mme  DE SÉVIGNÉ.

Eh bien, ne perdons pas de temps ; un mot de votre main peut décider du succès, venez l’écrire, et je me charge du reste ; mais ici l’on pourrait nous surprendre, passons dans le cabinet du sénéchal ; car je tremble à tout moment de voir arriver quelqu’un qui vous connaisse.

POMENARS.

Moi je ne crains plus rien, vous êtes ma providence.