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POMENARS.

Ah ! je savais bien que vous ne le diriez pas.

Mme  DE SÉVIGNÉ.

C’est aussi trop compter sur la présence d’esprit de ses amis ; et vous avez vu que mon étonnement a pensé vous trahir. Mais comment s’attendre à rencontrer le marquis de Pomenars chez son juge, le jour même où l’on doit exécuter sa sentence.

POMENARS.

Vous conviendrez que je ne saurais être plus en sûreté nulle part ; car ceux qui courent après moi n’auront certes pas l’idée de venir me chercher ici.

Mme  DE SÉVIGNÉ.

Si du moins j’avais été prévenue par le moindre signe ; mais se retirer dans un coin du salon, pour se montrer tout à coup, comme si vous aviez craint de voir manquer l’effet de votre apparition ! et que faisiez-vous là ?

POMENARS.

Je m’achevais de peindre.

Mme  DE SÉVIGNÉ.

Comment ?

POMENARS.

Oui, je retouchais le costume de mon effigie ; car si peu de prétentions qu’on ait, encore faut-il se soigner davantage lorsqu’on doit paraître en public.

Mme  DE SÉVIGNÉ, riant.

Ah ! la bonne extravagance ; je vous promets d’en amuser ma fille, dès que je pourrai lui mander que nous