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Mme  D’ANGERVAL.

Non, j’ai bien entendu parler d’une jeune femme à laquelle il rendait, depuis quelque temps, des soins fort assidus, et qui aurait peut-être fini par croire aux assurances de son amour, si un hasard fort heureux ne l’avait éclairée sur le danger qui la menaçait.

POMENARS.

Ces hasards-là ne se rencontrent guère avant le naufrage.

Mme  D’ANGERVAL.

Je puis vous le certifier, cette femme-là a été prévenue à temps.

POMENARS.

Ah ! madame ! contez-moi cette histoire, pour que j’en réjouisse un peu madame de Sévigné ; car vous saurez que son fils, qui nous amuse chaque soir du récit de ses conquêtes provinciales, ne nous parle jamais de ses revers. On l’adore toujours, on lui écrit des lettres brûlantes…

Mme  D’ANGERVAL

Oui, quand on lui écrit.

POMENARS.

Qu’il envoie à Ninon par le même courrier, et toujours en lui recommandant d’en citer les passages les plus burlesques à Boileau, à Molière et à tous ses amis. Mais si nous pouvions à notre tour envoyer à Paris une petite relation de quelque déroute complète ; ah ! ce serait une chose excellente et qui ferait un bruit !

Mme  D’ANGERVAL

Ah ce serait charmant ! Eh bien, je vous la promets. (À part.) Au moins je me vengerai.