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POMENARS.

Les devoirs d’un magistrat sont parfois fatigans à remplir !

MÉRIDEC.

Ah ! j’en connais plusieurs, qui n’en prennent qu’à leur aise, mais ce n’est point mon usage, et, pour moi, je ne crois un procès bien jugé qu’autant qu’il l’est promptement ; enfin, je suis tellement connu dans le pays pour un homme expéditif, que c’est à qui me renverra son affaire pour la voir terminée ; et l’on se trouve bien de cette confiance. Tenez, le comte de Créance en est une nouvelle preuve ; depuis plus de deux ans il poursuivait le ravisseur de sa fille, sans avoir pu obtenir du parlement au-delà d’une misérable prise de corps. L’affaire a été renvoyée à notre tribunal ; eh bien, en moins de quatre jours elle a été expédiée.

POMENARS, d’un ton ironique.

Ah ! Ah ! c’est à faire à vous.

MÉRIDEC.

Ah ! mon Dieu, le galant a été condamné tout d’une voix à être pendu,… ou bien décapité s’il fait valoir ses titres ; mais comme il n’est pas si sot que de venir ici se livrer à la justice, et qu’il se cache soigneusement, on ne peut exécuter le jugement qu’en effigie.

POMENARS.

C’est dommage !

MÉRIDEC.

À vous parler franchement, je n’en suis pas très-faché ; car voir mourir un brave gentilhomme pour une folie de jeunesse…