Page:Nichault - Le Marquis de pomenars.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LE MARQUIS, à part.

Elle se trouble, ce soir j’obtiendrai l’aveu.

Mme  D’ANGERVAL.

Mais, si l’on vous revoit encore ici…

LE MARQUIS.

Eh bien ! l’on croira que je ne puis vivre loin de vous, et que vous supportez sans ennui ma présence ; le grand mal !

Mme  D’ANGERVAL.

C’est déjà trop prouvé peut-être.

LE MARQUIS, en lui baisant la main.

Que vous êtes divine ! et qu’on serait heureux de vous consacrer sa vie.

(Il sort.)


SCÈNE III.


Mme  D’ANGERVAL, seule.

Il est vraiment aimable ; s’il persuadait aussi bien qu’il sait plaire, il serait difficile… Mais le pauvre Saint-Clair en mourrait de chagrin ; aussi pourquoi est-il si jaloux ? Lorsqu’il me parle c’est toujours pour m’adresser quelques reproches, et puis il s’étonne de me voir préférer la conversation du marquis à la sienne… En vérité, les femmes sont bien à plaindre de n’avoir si souvent à choisir qu’entre le supplice d’être tourmentées passionnément, ou le plaisir d’être trompées avec grâce… Oh ciel ! j’entends la voix de Saint-Clair ; il vient pour me gronder encore : mais il n’en aura pas la satisfaction.

(Elle rentre dans son appartement.)