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comme un sot, d’une femme qui me dédaigne ; je devrais imiter sa froideur, la chasser de mon souvenir ; eh bien, j’y pense sans cesse ; et mes efforts pour l’oublier ne servent qu’à me rappeler plus vivement tout ce qui la rend adorable. »

Mme D’ANGERVAL.

Ah ! marquis, si l’on pouvait vous croire !

LE MARQUIS.

Pourquoi douter ainsi ?

Mme D’ANGERVAL.

Je ne sais ; mais votre mère elle-même m’a donné de fortes préventions contre vous ; et cependant, on connaît sa faiblesse pour les extravagances de son fils.

LE MARQUIS.

Oui, mais quand sa bonté les excuse, son esprit s’en venge bien par le plaisir de les raconter.

Mme D’ANGERVAL.

Je me souviens encore du jour où je lui ai entendu dire à mon oncle : « Mon fils est un trésor de folie ; ses sentimens sont tous vrais, sont tous faux, sont tous froids, sont tous brûlans, sont tous fripons, sont tous sincères ; enfin, son cœur n’a pas le sens commun. »

LE MARQUIS.

Ah ! si vous écoutez ma mère, je n’ai plus rien à espérer ; car, si cette mère excellente a partagé sa tendresse entre ma sœur et moi, il n’en est pas de même de son admiration. Ma sœur l’a toute entière. Moi, je suis, à son avis, le mauvais sujet de la famille. Je ne lui en veux pas de cette injustice, elle ne m’a jamais vu sérieusement épris… Mais, en parlant de ma mère, vous me rappelez que je l’ai laissée