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Mme  D’ANGERVAL.

Mais il en est de naturellement séduisantes.

LE MARQUIS.

Non, leur esprit est aussi fardé que leur visage, et dans ce prétendu séjour de délices on n’a presque jamais le choix qu’entre une coquette ou bien une pédante. Mais, pour être juste, je suis forcé de convenir qu’elles sont moins inhumaines que les femmes de ce pays-ci.

Mme  D’ANGERVAL.

Eh bien ! c’est une raison de plus pour leur rester fidèle.

LE MARQUIS.

Je vous rends grâce du conseil, mais je n’en saurais profiter ; mon parti est pris, je me consacre à la retraite.

Mme  D’ANGERVAL.

Vous ?

LE MARQUIS.

Cela vous étonne, et pourtant j’ai décidé que je passerais tout l’hiver aux Rochers.

Mme  D’ANGERVAL.

Et madame de Sévigné approuve-t-elle ce beau plan de retraite.

LE MARQUIS.

Je n’en doute pas. Ma mère trouvera tout simple qu’étant contrarié, malheureux, je n’aille point porter dans le grand monde une figure maussade, un air préoccupé, dont chacun voudrait deviner la cause, et qui m’attireraient mille questions auxquelles je serais très-embarrassé de répondre ; à moins de dire, tout naïvement : « Oui, je suis amoureux