Page:Nichault - Le Marquis de pomenars.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.


SCÈNE II.


Mme  d’ANGERVAL, le marquis de SÉVIGNÉ.
Mme  D’ANGERVAL, avec surprise.

Quoi ! c’est vous, monsieur ? Je ne m’attendais pas sitôt au plaisir de vous revoir.

LE MARQUIS.

Je conviens, madame, qu’après la promesse que je m’étais faite de ne plus vous importuner, vous pouviez raisonnablement vous flatter d’être, pour quelque temps, à l’abri de ma visite.

Mme  D’ANGERVAL.

Ah ! monsieur, pouvez-vous penser……

LE MARQUIS.

Je sais tout ce que votre politesse peut vous dicter là-dessus ; et, si j’avais autant de fierté que vous mettez de grâce à désoler les gens, certes je ne serais point ici ; mais que vous dirai-je ? En amour, je n’ai pas la moindre dignité : et si je n’avais jamais eu à combattre d’autres ennemis que de jolis yeux, ma foi ! je n’aurais pas grande idée de mon courage.

Mme  D’ANGERVAL.

Je vous croyais plus brave ; mais parlons sérieusement. Comment voulez-vous que l’amour-propre m’aveugle au point de supposer que M. de Sévigné, dont les hommages excitent l’envie de toutes les femmes de la cour, renonce, pour moi seule, au bonheur de leur plaire ?

LE MARQUIS.

Beau sacrifice ! vraiment ! On voit bien que vous ne connaissez pas ces beautés minaudières.