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ne paraissent ni assommantes, ni embarrassantes.

Ce nom d’Adalbert, dit si naïvement, cette familiarité si indiscrète, produisit sur madame des Bruyères une sorte d’impression qui la mit en colère contre elle-même ; de toutes les prétentions, la plus pénible à voir déconcerter est la prétention à l’indifférence. Bien que ce nom, prononcé avec un ton d’autorité, n’apprît rien à Clotilde, elle en fut blessée comme d’une insulte à son malheur. Indignée de se voir si sensible à l’abandon de l’un et si peu émue de l’amour de l’autre, elle imagina de laisser croire à Sosthène que sa résolution de fuir tout attachement romanesque était la seule cause de sa froideur envers lui, et qu’elle lui savait gré de la persévérance qu’il mettait à lui plaire.

Sosthène n’était pas difficile en espoir, il accueillit les premières coquetteries de Clotilde comme autant de serments d’amour ; son visage s’illumina de tous les feux de la reconnaissance, et en passant près d’Adalbert, il ne put s’empêcher de lui serrer la main avec toute l’effusion d’un homme dont le bonheur dépasse jusqu’à la force de le dissimuler.