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noncé le nom de la comtesse, qu’il a pris un air de mauvaise humeur et ne m’a plus dit que des choses désobligeantes. Serait-il vrai que le meilleur des amis n’écoute jamais avec plaisir les confidences d’un bonheur qui, bien qu’en espérance, excite plus son envie que son intérêt ? Non, je ne veux pas soupçonner d’une telle turpitude le plus noble caractère que je connaisse ; mais pour rester dans cette douce croyance, je n’ennuierai plus Adalbert des craintes, des prévisions qui m’affligent ou me ravissent tour à tour, ni des projets que je médite ; par exemple, celui de la petite fête antique que, grâce à mes instances, mon père veut donner à la comtesse dans la maison de Salluste, à Pompéi, je crois fort inutile d’en faire part à Adalbert. D’abord il voudrait qu’on y invitât sa jolie princesse, et il me semble que l’amitié qui régnait entre elle et la belle Clotilde est très-refroidie. Mon père prétend qu’elles sont trop jolies toutes deux pour s’aimer longtemps ; je croirais plutôt que madame des Bruyères trouve la princesse trop peu dissimulée dans ses amours ; le fait est qu’elle a une manière d’aimer tout haut Adalbert parfois embarrassante pour les personnes qui fuient les confidences, et même pour lui. Il est une sorte de mystère que l’amitié la moins prude a le