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encore les portes de Paris. À cette vue Théobald s’écria :

— Heureux Léon !

Et, pour la première fois, il bénit la mort de son ami.

— Oui ! heureux Léon, répéta une voix étouffée par les sanglots. Alors Théobald serra la main de Marcel, et la voiture franchit la barrière ; elle avait déjà traversé une partie de la ville, lorsque le postillon demanda où il devait s’arrêter. Théobald avait passé devant la maison de son tuteur, sans s’en apercevoir ; il fallut revenir sur ses pas. La triste rêverie qui venait de faire faire tant de chemin inutilement, n’avait point échappé au postillon ; il se retournait souvent pour regarder celui qu’il conduisait, et qui se laissait ainsi égarer à plaisir. Une redingote brune, un chapeau rond ; enfin, le costume le plus bourgeois ne pouvait lui donner le moindre indice sur l’état, le rang du jeune voyageur, et pourtant, lorsque Théobald, après avoir payé ce qui lui était dû, dit :

— Tiens, voilà pour le chemin que tu as fait de trop.

Le postillon répondit, tout bas :

— Merci, mon officier.