Page:Nichault - Le Faux Frère.pdf/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

presque sauvages, dura près d’une année ; Théobald, qui avait compté sur ses forces, se vit obligé de s’arrêter pendant les grandes gelées dans un misérable village sur les bords du Volga, où la fièvre l’ayant repris, il se trouva sans médecin, et bientôt sans argent. Dans cette triste situation, Marcel, que rien ne décourageait, imagina de travailler à la journée pour le compte du bûcheron qui leur donnait l’hospitalité : c’est ainsi qu’il paya la dépense de son maître pendant une grande partie du voyage. Dès que Théobald fut rendu à la santé, il travailla de même pour gagner les moyens de continuer leur route. Mais nous ne les suivrons pas dans les nouveaux périls qu’il leur fallut braver pour mettre à fin une si pénible entreprise. On se lasse du récit des maux qui se ressemblent, et l’attention du lecteur est une faveur trop précieuse pour risquer de la perdre en la fatiguant. C’est pourquoi, laissant à son imagination le soin de se figurer les ennuis, les souffrances d’un tel voyage, nous le conduirons subitement à Berlin, où Théobald s’étant fait reconnaître par un des banquiers de la ville, trouva chez lui la somme qu’il lui fallait pour se rendre en France.

C’était au mois de mai 1814 ; les alliés gardaient