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tait de ne pas laisser ignorer cet acte d’indulgence au général. Dans la joie de voir bientôt son ami en liberté, Mikelli s’engagea à tout pour lui, et mentit même avec l’audace d’une bonne conscience, en affirmant que Théobald était trop affaibli par sa maladie pour se passer des secours de Marcel. C’est ainsi qu’il obtint l’assurance que tous deux pourraient s’éloigner secrètement sans crainte d’être poursuivis. Mais cette négociation avait demandé beaucoup de précautions, de flatteries, de promesses, et avait pris bien du temps. L’été allait finir, ; et il fallait profiter des derniers beaux jours pour traverser l’Ukraine et tâcher d’arriver à Varsovie avant le retour de l’hiver.

Enfin, le 1er septembre 1813, Théobald et Marcel, munis du portemanteau de Léon et d’un léger bagage, prirent congé du brave Mikelli ; ce ne fut pas sans verser des larmes de regrets et de reconnaissance, et pourtant les voyageurs ignoraient en ce moment que le havre-sac de Marcel contenait un rouleau de roubles, sur lequel on lisait ces mots : « N’en dis rien à ton maître. » Mikelli s’était dispensé d’expliquer à quels soins était destiné cet argent ; il connaissait trop Marcel pour l’offenser par une recommandation inutile.

Ce pénible voyage, fait à pied, dans des contrées