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les forces ; on se sent renaître pour souffrir, et l’on perd cette volonté de vivre qui hâte la convalescence. Aussi Théobald fut-il près de deux mois à se rétablir, malgré les soins de Mikelli et les reproches de Marcel, qui lui répétait sans cesse que c’était manquer aux dernières volontés de Léon, que de ne pas rapporter lui-même à la mère de son ami tout ce qui lui restait de ce fils tant aimé. Enfin l’idée d’avoir à remplir ce devoir sacré l’emporta sur le découragement de Théobald ; impatient de se mettre en route, il consentit à suivre le régime qui devait lui rendre la santé ; il s’occupa dès-lors uniquement des moyens d’accomplir le vœu de son ami : c’était le servir, le pleurer encore, et le bon Marcel avait deviné juste, en pensant que la seule distraction aux longues douleurs est dans les soins qu’on donne encore à celui qu’on regrette.

Mikelli allait toutes les semaines chez le commandant, pour le prier d’informer le général W… de l’état de son protégé. Et le commandant, ne doutant pas qu’un négociant, qui montrait tant de zèle, ne fût certain d’avance d’en être un jour richement récompensé, feignit aussi de s’attendrir sur le sort du pauvre prisonnier, au point de faire entendre qu’il fermerait les yeux sur son départ d’Oriembourg, s’il lui promet-