Page:Nichault - Le Faux Frère.pdf/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par les ordres du commandant, pensa qu’il fallait avoir l’air de croire à son humanité pour en obtenir une preuve, et il fit signe à Marcel de se taire.

Quelques moments après, tous deux furent conduits dans la prison où Théobald dormait encore ; on le porta sur une civière jusqu’à la maison de Mikelli, et quand il se réveilla, il se crut encore dans le délire. Les tentures d’une chambre élégamment décorée avaient remplacé les sombres murs de sa prison ; une voix affectueuse succédait à la voix rauque du geôlier ; des serviteurs empressés, à de farouches cosaques ; les rayons du soleil, à l’obscurité d’un cachot ; un air pur, à des exhalaisons malsaines ; enfin, c’était sortir du tombeau pour retrouver une douce existence. Théobald aurait douté longtemps de cet heureux changement, si Marcel, dont l’attitude près de lui était toujours la même, ne lui eût rappelé l’ami qu’il venait de perdre et celui qui lui restait.


XII


Les maladies causées par l’excès du malheur sont les plus longues à guérir ; le souvenir revient avant