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s’exposer au ressentiment du général W… qui les lui avait particulièrement recommandés. En disant cela, il mettait la lettre du général sous les yeux du commandant. Pendant que celui-ci en prenait lecture, Marcel crut pouvoir placer le discours éloquent qu’il avait préparé, et attaquer la sensibilité de son juge avec la peinture des souffrances et des qualités de Théobald ; mais trop ému lui-même par l’intérêt que Mikelli leur témoignait en cette circonstance, il ne put que balbutier ces mots d’une voix entrecoupée :

— Ah ! monsieur le commandant, ne refusez pas ce brave homme, ou mon pauvre capitaine est mort.

— Eh bien, dit l’officier russe, sans écouter Marcel, si vous me répondez d’eux, et si vous promettez d’écrire au général W… ce que je fais pour vous, je vais donner l’ordre qu’on vous laisse emmener le capitaine Eribert.

— Et le sergent La Colonne, interrompit Marcel, car je ne le quitte pas.

— Ah ! c’est toi que mes soldats ont amené ici avec ton maître, dit le commandant ; eh bien, tu pourras certifier des égards que l’on a eus pour le protégé du général.

À ces mots, Marcel s’apprêtait à porter plainte contre ceux qui avaient traité son maître sans pitié ; mais Mikelli, tout en sachant que l’on n’avait agi que