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— Et d’ici là que deviendra-t-il ? s’écria Marcel en regardant son maître.

Un geste du gardien sembla lui dire : Je n’y saurais que faire. Et il sortit, après avoir posé sur une table le pain et le saumon salé qui devaient servir au souper de Marcel.

Vers le milieu de la nuit, Théobald parut agité d’une violente fièvre, et Marcel espéra qu’une crise douloureuse allait rendre son maître à la vie. La fièvre ayant ramené la chaleur, Théobald tomba bientôt dans un assoupissement profond. Les yeux fixés sur lui, l’oreille attentive aux mouvements de sa respiration, Marcel resta longtemps immobile ; mais aux premiers rayons du jour qui pénétrèrent à travers les barreaux d’un soupirail, il vit se colorer les lèvres du malade, et son cœur battit de joie en contemplant ce triomphe de la jeunesse sur la mort.

À six heures, le bruit de plusieurs portes que l’on ouvrait l’avertit de la visite du gardien ; il se leva pour le prier de ne pas réveiller le prisonnier, en parlant avec sa grosse voix, ou en chantant, comme c’était sa coutume, pendant qu’il remplissait ses fonctions. Le gardien, surpris de la recommandation de Marcel, et plus encore de la joie qui brillait dans ses