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si Marcel, qui tenait une main de Théobald, ne leur avait affirmé que son pouls battait encore, et ne les avait suppliés d’avoir pitié d’un jeune mourant.

Il y a dans les pleurs d’un vieux soldat quelque chose de solennel qui impose le respect aux cœurs les plus barbares ; et les cosaques eux-mêmes, étonnés d’obéir à la douleur de Marcel, déposèrent doucement son maître sur le lit de paille qui l’attendait au fond de son cachot.

L’ordre portait que le prisonnier resterait seul jusqu’au moment où il serait interrogé ; mais Marcel ayant déclaré qu’il mourrait plutôt que d’abandonner son capitaine, l’officier prit sur lui de le laisser auprès de Théobald, pendant qu’il irait rendre compte au commandant de l’état du prisonnier. L’accablement où il le vit lui fit croire qu’il ne passerait pas la nuit, et c’est à cette triste assurance que Marcel dut la douceur de le soigner. Le peu d’argent qui lui restait fut employé à obtenir du gardien quelques boissons chaudes pour ranimer Théobald, dont les pieds et les mains étaient déjà glacés. En vain il réclama les secours d’un médecin ; on lui répondit que celui du régiment ne faisait sa visite qu’à huit heures du matin, et qu’il fallait prendre patience jusqu’à ce moment.