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pour retarder l’exécution de cette mesure rigoureux ; mais sans égard pour ses souffrances, ils l’attachèrent sur un charriot, et le pauvre Marcel eut bien de la peine à obtenir d’eux la permission de rester près de son maître pendant la route, pour le soutenir et l’empêcher de se blesser la tête à chaque cahot. Malgré la pitié qu’il lui inspirait, Marcel faisait des vœux pour que l’accablement où se trouvait plongé Théobald, se prolongeât jusqu’au terme de leur triste voyage.

Il était nuit lorsque le bruit sourd du charriot, en passant sous une voûte humide, avertit Marcel qu’ils entraient dans la forteresse. Un officier vint à eux, et s’étant assuré de l’exactitude que l’on avait mise à remplir ses ordres, il fit conduire le charriot vers une petite porte, d’où sortit au même instant un des gardiens de la prison.

— Que voulez-vous que je fasse de cet homme-là, dit-il aux cosaques qui transportaient Théobald ; à quoi bon l’enfermer ? allez plutôt l’enterrer ; ne voyez-vous pas qu’il est mort ?

Alors approchant sa lanterne de la tête du malheureux prisonnier, la pâleur répandue sur son visage fit croire aux soldats que le gardien disait vrai ; ils allaient se débarrasser brusquement de leur fardeau,