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vivre pour lui ; et, dans sa faiblesse, il lui promettait d’aller voir le Scamane, espérant obtenir de lui le retour de Léon. Il ne voulait pas croire à sa mort, et jurait à Nadège de le lui donner pour époux. Mais ce cœur désolé était inaccessible à toute espérance, et son père se vit contraint d’employer les menaces pour obtenir ce qu’elle refusait à sa prière.

— Si tu persistes à me quitter, lui dit il, je te maudirai, et tu passeras la vie éternelle sans revoir ni Léon ni ton père.

La malédiction paternelle, cette sainte terreur des enfants ingrats, l’emporta sur le désespoir de Nadège ; elle comprit qu’elle ne pourrait disposer de sa vie tant que celle de son père y serait attachée, et ce fut dans toute la ferveur de son âme qu’elle demanda à Dieu la force de supporter sa douleur.

La nouvelle de la fuite d’un prisonnier se répandit bientôt dans le village. Elle parvint au commandant de la garnison, qui envoya des officiers pour constater la mort de Léon, et pour s’assurer de la personne de Théobald. L’ordre avait été donné de le conduire à la forteresse d’Oriembourg, et de le traiter comme étant complice de l’évasion de son ami.

L’état où ils trouvèrent Théobald était bien fait