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faire le recensement des prisonniers, et qu’il profiterait de l’obligation où serait Léon de recevoir l’inspecteur, pour lui faire sa visite.

Malgré le trouble où cette nouvelle jeta Théobald, il eut la présence d’esprit de laisser croire au pope que Léon serait en état de les recevoir tous le lendemain ; car c’était beaucoup que de gagner un jour de plus, et d’ailleurs Théobald se flattait de pouvoir trouver un moyen d’éloigner ou de tromper l’inspecteur.

Pendant cette conversation la malheureuse Nadège respirait à peine. En la voyant ainsi lutter contre la douleur, Théobald sentit redoubler la sienne ; mais ce fut bien plus vivement encore, lorsque Phédor, ravi d’avoir à trinquer avec quelqu’un, proposa à ses convives de boire à la santé de Léon. Au tremblement qui saisit Nadège, à sa pâleur subite, Théobald frémit, et s’empressa de dire :

— Oui, buvons à sa santé, et que Nadège aussi fasse des vœux pour Léon : cela lui portera bonheur.

Et ces mots étaient soutenus d’un regard qui ordonnait le courage. Nadège l’entendit, et rassemblant ses forces, elle sourit à son père qui lui versait à boire ; puis, s’adressant au pope, elle lui recommanda de chanter à l’office du soir le cantique consacré aux mal-