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de partager ; mais ce don de changer les pleurs amers en douces larmes, les regrets en espoir, n’appartient qu’à celui qu’on aime. Hors de sa puissance, il n’est pas d’illusion possible, et Nadège, en promettant de se soumettre à tout ce que lui imposait l’intérêt de Léon, savait trop bien n’agir que pour lui.

Cependant elle s’efforça de paraître calme devant son père. Pour être plus sûre de maintenir sa résolution courageuse, elle avait exigé de Théobald qu’il viendrait dîner avec Phédor, et tâcherait de l’occuper assez pour l’empêcher de remarquer l’abattement qu’elle ne pouvait dissimuler. En cédant à la prière de Nadège, Théobald n’avait pas prévu tout ce qu’il aurait à souffrir de la sollicitude de Phédor et de celle du pope, qui tous deux, l’accablèrent de questions sur l’état de Léon. Il fallut répondre qu’il allait beaucoup mieux, et, que lui-même avait exigé que son ami vînt se distraire quelques moments de ses soins, en se rendant à l’invitation du brave Phédor.

— Puisqu’il va mieux, dit le pope, il pourra bien me recevoir, et je monterai chez lui tout à l’heure.

Théobald le supplia de respecter le sommeil de son ami, et le pope n’insista pas davantage ; mais il ajouta qu’il reviendrait le lendemain avec l’officier chargé de