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expressions d’un amour dévoué ne parviendraient peut-être jamais à son ami, avait triomphé un instant de la fermeté de Théobald. Son trouble ne pouvait échapper à Nadège ; elle l’interpréta comme la preuve du danger où se trouvait Léon, et son anxiété devint telle, que Théobald perdant tout espoir de la rassurer, et de l’empêcher de les trahir par quelque imprudence, se vit forcé de lui révéler la vérité.

Malgré ses soins à la préparer à cette triste nouvelle, la malheureuse Nadège en fut frappée comme de la foudre. Le nom seul de Léon la rendit à la vie.

— Il vous aime, s’écria Théobald ; vous le reverrez, sauvez-le, imitez mon courage ; depuis deux jours je vous parle de lui sans pleurer, je me refuse la douceur de le regretter avec vous. Ah ! ne faites pas moins pour lui que mon amitié ne peut faire. Songez qu’en montrant ce désespoir, vous révélez sa fuite, et que la mort en est le châtiment.

— Sa mort, répéta Nadège, les yeux égarés, sa mort…

Et elle resta anéantie sous le poids de cette horrible pensée.

Théobald, après l’avoir glacée d’effroi, chercha à la rassurer en lui donnant une espérance qu’il était loin