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Théobald, il s’empare de la lettre que Marcel vient de prendre sur la table, et il lit ce qui suit :

« Ne m’accuse pas, Théobald ; non, ce n’est point pour t’épargner que je m’expose seul à des périls que tu aurais partagés avec joie ; mais t’associer à ma fuite, c’était nous perdre tous deux, et j’ai préféré te confier mon salut. Songe qu’il dépend de toi, de ton courage à dissimuler la peine que notre séparation te cause. Si je puis dépasser la ligne des troupes qui nous gardent avant que ma fuite soit connue, je gagnerai facilement les plaines de Bordinskoi, et une fois sorti du gouvernement d’Oriembourg, je puis continuer ma route sans danger à la faveur d’un déguisement. Ainsi donc, sois sans inquiétude, et ne pense qu’à me soustraire le plus longtemps possible aux recherches de nos surveillants. Phédor m’a vu souffrant ; dis-lui que je garde le lit ; dis à Nadège… mais à ce nom la force m’abandonne, et des pleurs ! Ah ! mon ami, prends pitié d’elle ; cache lui, s’il se peut, que c’est pour la fuir que je m’arrache à toi ; oui, malgré le devoir qui me condamne d’aller secourir ma mère, je sens que je n’obéis qu’à mon respect, à mon culte pour