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fusés en lui disant qu’il ne souffrait pas, et que cette insomnie lui était habituelle. Cependant la pâleur couvrait son visage et sa santé s’altérait visiblement. Théobald, qui était sans courage contre les maux de son ami, eut recours à Nadège pour obtenir de lui l’aveu du nouveau tourment qu’il s’efforçait de leur cacher ; peut-être même son amitié l’emportant sur tout autre sentiment, espéra-t-il voir bientôt l’amour triompher des scrupules et des regrets de Léon.

Il ne fut pas difficile de faire passer ses craintes dans l’âme de Nadège ; au premier mot qu’il lui dit à ce sujet, elle se mit à fondre en larmes ; et sans penser à dissimuler son amour :

— Ah ! mon Dieu, s’écria-t-elle, si Léon meurt… que deviendra mon père ?

Le désespoir qui se peignit alors dans les yeux de Nadège, expliqua trop de quel malheur son père serait menacé. Théobald, regrettant d’avoir ainsi alarmé cette âme passionnée, chercha à calmer son effroi, en ne paraissant pas douter que le bonheur d’être aimé d’elle ne rendît Léon à l’existence.

C’était la livrer à toute sa faiblesse. Tant qu’elle avait douté que son amour fût partagé, la fierté, ou plutôt la crainte de perdre une espérance trop chère,