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sur nous des succès de nos camarades… Ah que leur volonté soit faite, je leur donne de bon cœur ma vie à ce prix-là…

— Nous ne serons pas si heureux, dit Léon ; c’est peut-être encore quelques Tartares révoltés qui, n’osant pas s’en prendre à leurs chefs, se jettent sur les prisonniers.

En disant cela Léon portait ses yeux autour de lui, et s’étonnait de trouver son nom écrit au bas de tous les cadres qui décoraient la chambre. Ces cadres renfermaient des images saintes, et l’on voyait, au-dessus d’un lit recouvert de fourrures, une petite chapelle où deux cierges brûlaient en l’honneur du patron de la famille[1] ; des branches de bouleau, des graines de houx, un bouquet de sarane[2], étaient suspendus aux ornements de la chapelle avec des scapulaires et quelques bijoux grossiers qui semblaient autant d’of-

  1. Chaque famille russe a dans sa maison une chapelle où est le patron de la famille : ils le regardent comme le dieu tutélaire de la chaumière. Ils y placent aussi l’image qu’elles ont reçue en mariage, et garnissent cette chapelle de petites bougies de six à sept pouces de hauteur. Les plus opulents y suspendent une lampe, et certains jours toutes ces bougies sont allumées et brûlent même toute la nuit, ce qui occasionne souvent des incendies. (Voyage de Cook, tome X.)
  2. Sarane, espèce de lis rouge qui croit en Sibérie.