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faisant de longues courses sur les bords glacés de l’Ural ; il causait avec les paysans, apprenait d’eux à parler leur langage, et s’amusait quelquefois à cacher son habit d’uniforme sous leur grossier vêtement ; puis se mêlant à une troupe de cosaques pêcheurs, il les aidait à casser les glaces du fleuve, et revenait offrir à Léon le produit de sa pêche.

Pendant qu’il se fatiguait ainsi, il savait son ami livré à de plus douces occupations. La longueur des leçons de Nadège augmentait en raison de ses progrès ; et elle en faisait d’étonnants ; mais à mesure qu’elle trouvait plus de facilité à s’exprimer, Léon semblait moins content d’elle ; il la reprenait souvent à tort, lui reprochait de manquer d’attention, et tout cela, avec le ton d’une personne qui penserait à autre chose. La leçon terminée, il devenait plus triste encore, et fuyant toute conversation avec Nadège, il allait se renfermer chez lui.

Cette conduite peu galante, sans être une ruse de sa part, produisit un effet merveilleux sur l’esprit de la vieille Alexa, et même sur celui de Nadège. Un démon séducteur emploierait sans doute d’autres charmes pour attirer sa proie ; et l’on ne pouvait pas s’inquiéter raisonnablement de la société d’un homme si peu soigneux