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dont la famille de Léon et les malheurs de la France devenaient le sujet. Théobald tomba dans une profonde rêverie, et Léon reprit son indignation et sa tristesse.

Les nouvelles que Marcel rapportait souvent d’Oriembourg, n’étaient pas propres à diminuer les regrets amers de ses maîtres. Le gouverneur de la ville avait soin de faire annoncer avec faste, et dans chaque quartier, les progrès que faisait l’armée russe, et il était facile de deviner, à sa marche, celle que la nôtre devait suivre. Aussi, quand Marcel revenait les yeux baissés, le front pâle, Théobald et Léon n’osaient pas le questionner ; seulement chacun d’eux soupirait en levant les yeux au ciel, et le reste du jour ils gardaient le silence ; car les chagrins dont le cœur est humilié, plus amers que les autres, ne sont point soulagés par le plaisir d’en parler. C’est un affreux supplice dont on rougit même auprès de l’ami qui le partage.

L’hiver s’avançait, et nul espoir de délivrance n’aidait à supporter cette triste captivité. Cependant Théobald ne perdait point courage. Tout occupé de chercher les moyens de tromper la surveillance des autorités qui les gardaient, il s’essayait à braver le climat, en