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ans, que ses cheveux longs et plats et sa canne de jonc distinguaient seuls des autres paysans tartares ; il avait appris quelques mots de latin au séminaire d’Effa, un peu de français chez des Polonais exilés qui l’admettaient souvent à leur table ; et, à la faveur de cette légère érudition, il passait pour un savant lettré sur les bords de l’Ural.

Théobald lui fit l’accueil le plus gracieux en s’excusant de le recevoir au milieu des animaux domestiques de la maison, et en l’associant avec malice à tous les inconvénients qu’ils avaient à souffrir de cette cohabitation. Moins disposé que son ami à tirer le meilleur parti possible des événements ou des personnes qui pouvaient amener quelque changement dans leur situation, Léon n’adressa pas une parole au prêtre grec ; mais Théobald qui désirait savoir le motif de sa visite le lui demanda sans façon ; alors le pope lui avoua, qu’ayant appris qu’ils avaient de l’argent, par des paysans auxquels ils avaient acheté différents objets, il venait leur offrir de les loger à peu de frais chez le centenier[1] du seigneur de l’endroit. Il ajouta que dans cette maison, dont le maître était

  1. Paysan régisseur d’une partie des terres d’un seigneur russe.