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de la classe où j’étais né, en horreur à tous ceux qui prononçaient mon nom, je pouvais le rendre redoutable ; mais il fallait s’armer contre les Français, réveiller des factions qui avaient autrefois désolé mon pays ; et mon intérêt, celui de ma gloire peut-être, ont cédé à l’amour de la patrie. Ah ! si du moins cette ingrate patrie m’accordait un regret !… mais je meurs calomnié… je meurs, sans oser charger un ami de défendre ma mémoire. Toi seule, ô Céline, et mon juge et mon protecteur, conserve-moi dans ton cœur l’unique bien que je regrette sur la terre. La voix d’un ange est écouté du ciel ; obtiens-moi le pardon de ce ciel que j’irrite en avançant le terme de mes souffrances ; obtiens-moi, par tes prières, le bonheur de te revoir un jour : Dieu n’a pas allumé tant d’amour, dans une âme, pour l’éteindre avec la vie. Non ! ce principe de toutes les vertus, ce flambeau qui me montrait la divinité à travers ton image, il brille encore au delà du tombeau, et c’est lui qui me guidera vers toi dans les régions célestes.

» Céline ; je vais t’attendre. Ah ! garde-moi ton amour, pour que la vie éternelle soit une récompense. »

Un autre écrit de Théobald fut remis à Marcel par le gardien de la prison : c’était le testament qui ren-