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jouant ses doigts dans les cheveux de Théobald et contempler ses traits inanimés avec le sourire de la joie.

Le ciel avait pris pitié d’elle ; en perdant la raison, elle venait de perdre aussi tout sentiment de ses peines, et depuis ce triste moment l’on aurait pu croire qu’elle n’en gardait aucun souvenir, sans la prière qu’elle adressait chaque jour à la petite croix d’honneur attachée sur son sein. Cependant on mit sous ses yeux la lettre trouvée sur Théobald ; on espérait que la vue de ces caractères tracés par une main chérie la ramènerait à ses pensées habituelles ; d’abord, elle reconnut la chaîne d’or à laquelle cette lettre était suspendue, car elle la couvrit de baisers et la mit autour de son bras. Mais on la vit s’efforcer en vain de lire quelques mots de la lettre, elle avait oublié ce qu’ils exprimaient, ne savait même plus comment on devait les prononcer. Le nom de Céline était l’unique mot qu’elle parût comprendre ; elle le montrait en riant à ses amis, et les priait souvent de lui lire à haute voix le dernier adieu de Théobald.

À Céline.

« Il fallait subir l’affront d’une condamnation injuste, supporter l’ignominie, ou mourir digne de