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fait un effort pour prononcer le nom de M. de Melvas ; on comprend qu’il demande à le voir ; Nadège sait qu’il est là, caché derrière les amis qui entourent Théobald, et se livrant à des regrets pleins d’amertume ; elle le conduit près du jeune mourant, et le vieillard l’inonde de ses larmes.

— Accable-moi, lui dit-il, j’ai été sans pitié, ne sois pas moins cruel ; fais retomber sur moi l’affreux désespoir qui t’a porté à te donner la mort… prédis-moi la haine de toute cette famille qui te pleure. Venge-toi aussi.

— Non, répondit Théobald, d’une voix expirante, non, c’est assez d’une vengeance… mais… si vous plaignez ma mort… qu’elle m’obtienne… le pardon de mon père.

— Ah ! tu l’as trop payé, s’écrièrent à la fois le baron et sa sœur, ton souvenir seul vivra dans notre âme, il en a déjà effacé tous les autres.

— Ô bonheur ! dit Théobald, un instant ranimé par une sainte joie ; ils ne le maudiront plus… tu les entends, Céline, ajoute-t-il en cherchant à l’entourer de ses bras défaillants, ils pardonnent… et tu m’aimes… Ah ! je meurs trop heureux… viens… voir le bonheur… l’emporter… sur la mort… viens… que je m’enivre encore… de tes regards… oh ! ciel !… je ne te vois plus… parle, que j’entende… ta voix… parle…