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mérite la mort… c’est moi… il l’a voulu… oui c’est moi. Ah ! sauvons-le… peut-être il en est encore temps !…

— Que dis-tu !… Qu’as-tu fait… dit Léon avec l’accent de la terreur.

— À la veille d’être dégradé, il m’a demandé du secours… J’ai obéi…

— Malheureux ! s’écrie Léon, il s’est empoisonné…

À ce mot fatal, chacun reste glacé. Marcel lui seul conserve quelque présence d’esprit, et cherche à se rappeler par quels moyens on peut combattre les effets de l’opium, mais tous les secours sont impuissants. Cependant au milieu de cette désolation générale, un cri d’espoir se fit entendre ; Céline, qui n’a point fait un mouvement depuis que, prosternée auprès de Théobald, elle soutient sa tête décolorée, Cécité vient d’apercevoir le docteur.

Mais cette lueur d’espérance s’éteint presque au même moment : le docteur déclare que le poison a déjà trop agi pour qu’on puisse en arrêter les ravages. Cependant quelques gouttes d’une potion calment les douleurs qui déchirent Théobald ; il recouvre la voix, ses yeux entr’ouverts se fixent sur les yeux de Céline, comme pour y chercher la vie qui leur échappe ; il tend la main à son ami, lui recommande Marcel, et